Au CESDIP, des travaux en nombre croissant prennent pour objet d’enquête les mutations des politiques et des pratiques de sécurité à l’échelle des villes, en s’interrogeant sur le devenir des partenariats locaux, sur la (re)territorialisation des questions de sécurité, et sur les conséquences de ces mutations sur les métiers du contrôle social, ainsi que sur la place faite aux citoyens dans ces cadres renouvelés. Comme son titre l’indique, cet axe part de trois postulats : la territorialisation des questions de délinquance et insécurité ; l’action collective d’une pluralité d’acteurs sociaux et institutionnels ; le renouvellement de l’action publique débordant des seuls registres de prévention et répression. Cet axe a connu une importance grandissante au cours du quinquennat, avec les arrivées de Patrick Hassenteufel et Jacques de Maillard, puis de Carole Gayet-Viaud.
Le caractère mouvant des expérimentations promues, la fréquence des changements d’orientation politique ont rendu nécessaires des publications individuelles et collectives permettant de faire le point sur des évolutions difficilement saisissables. Philippe Robert, comme Jacques de Maillard, se sont attachés à restituer les dynamiques de recomposition des politiques de prévention et sécurité et à les resituer dans les contextes politiques respectifs. Ces publications questionnent notamment ce qu’il reste des projets de prévention sociale du début des années 1980. Les actions de prévention sociale ne disparaissent pas, même si elles font l’objet d’un portage politique moindre et si les frontières entre prévention sociale, animation et action éducative sont difficiles à délimiter. Toujours avec une ambition de synthèse, certains des chercheurs ont visé à comprendre plus spécifiquement le contexte urbain dans lequel ces politiques prennent forme. C’est cette ambition que s’est fixée Sophie Body-Gendrot dans un ouvrage paru en 2012 chez Palgrave. De Paris à São Paulo, des désordres urbains mineurs aux actions terroristes, elle propose une synthèse des menaces qui affectent les villes contemporaines, tout comme des mobilisations institutionnelles et sociales dont elles sont porteuses. Les formes d’insécurité actuelles sont directement liées aux ségrégations sociales et ethniques qui travaillent les espaces urbains, tandis que les États reculent devant des recompositions socio-économiques qui leur échappent largement. Virginie Malochet et Tanguy Le Goff ont de leur côté dirigé plusieurs publications collectives visant, dans une perspective plus centrée sur la France, à faire un état des travaux concernant la diversité des réponses publiques apportées aux questions de sécurité (des médiateurs employés par les municipalités à la police de proximité) et privées (mobilisations sociales et investissement des entreprises de transport).
Les recherches plus spécifiques ont porté sur cinq objets différents :