Par Valerian Benazeth, enseignant-chercheur contractuel à l’Université de Paris-Saclay et chercheur associé au Cesdip.

On parle de désistance du crime pour faire référence aux processus qui mènent à renoncer à une carrière dans la délinquance et à la remplacer progressivement par une autre manière de faire, de vivre et de se représenter…

Si la société ne marque plus directement le corps des détenus, son empreinte passe désormais par des stigmates d’ordre administratif et symbolique. D’où par exemple la diffusion du terme général et englobant de délinquant pour désigner les auteurs d’infractions. Ce terme n’est guère utilisé par les personnes concernées. C’est pourtant une identité qui leur est régulièrement assignée par des membres de l’autorité judiciaire, la police, certains responsables politiques ou dans les médias.

Cette évolution dans la manière de désigner et de punir les parcours déviants a modifié le processus qui consiste à s’impliquer dans la délinquance puis à en sortir. Il faut certes mettre fin à ses actes de délinquance, mais aussi montrer patte blanche aux institutions en fixant son habitation, son activité et ses relations dans la transparence et la légalité. Il faut également se conformer à tout un programme de présentation de soi, à travers sa manière de se percevoir, de s’exprimer, de choisir ses fréquentations, ses loisirs et ses lieux de socialisation. Une multitude de recompositions que l’on peut scinder en plusieurs séquences pour traiter la question suivante : comment se structurent des itinéraires de désistance ?

Désister implique de déconstruire et de dépasser des représentations dominantes, qui font la part belle aux avantages de la délinquance (I) ; il faut ensuite reconfigurer des relations, des espaces et des routines (II) ; on peut alors envisager que ces changements se répercutent sur l’engagement dans de nouvelles sphères d’activités qui vont supplanter les anciennes

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