Par Bénédicte LaumondBulletin de Méthodologie Sociologique, 147-148, p. 196-199.

Si les travaux s’interrogeant sur les perceptions ordinaires du pénal se sont historiquement intéressés à la technique de la vignette (vignette research), ceux-ci ne reposent que rarement sur des dispositifs comparés et continuent de faire un large usage des questionnaires amputant l’analyse des représentations pénales profanes d’une exploration de leurs raisonnements. Afin de remédier à cette limite méthodologique, cet article présente une démarche expérimentale adossée à un jeu de cartes et menée en France et en Allemagne entre 2017 et 2019.

Le jeu est composé de 23 cartes présentant des cas criminels fictifs et de 10 cartes-peines ; il est attendu des joueur/ses qu’ils/elles attribuent à chaque carte une peine tout en justifiant les choix effectués. Nous présenterons dans cet article les étapes de la conception et les conditions d’administration, dans un contexte franco-allemand, de ce jeu qui se caractérise par un dispositif relativement directif allié à un mode de passation souple inspiré des enquêtes non-directives. Cet article met en évidence la flexibilité du jeu de cartes qui interroge différents aspects du crime en mettant les enquêté.es en situation de faire. Nous montrons enfin la robustesse de ce dispositif méthodologique dans des études comparées pour faire émerger les spécificités nationales des représentations pénales.