Valerian Benazeth va présenter ce thème en préparation à l’Université Paris-Saclay , dans le cadre de SCIENCES SOCIALES ET HUMANITES , en partenariat avec Centre de Recherches Sociologiques sur le Droit et les Institutions Pénales (laboratoire) , Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (référent) et de Université Paris-Saclay. Graduate School Sociologie et science politique (2020-….) (graduate school) depuis le 01-10-2013.

Il a travaillé sous la direction de Philippe Robert, directeur de recherche au CNRS et Renée Zauberman, directrice de recherche émérite au CNRS.
La soutenance aura lieu le mardi 30 mars à 14h, à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines.

Faculté de Droit et de Science politique
salle du conseil, 2e étage, aile B, salle 242.
3, rue de la Division Leclerc
78280 Guyancourt

Jury :

  • Isabelle F.-DUFOUR, professeure, Université de Laval
  • Stephen FARRALL, professeur de Criminologie, Université de Derby
  • Jacques de MAILLARD, professeur de science politique, Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines
  • Marwan MOHAMMED, chargé de recherche au CNRS, Centre Maurice Halbwachs
  • Laurent MUCHIELLI, directeur de recherche au CNRS, Laboratoire méditerranéen de sociologie
  • Philippe ROBERT, directeur de recherche émérite au CNRS, CESDIP
  • Renée ZAUBERMAN, directrice de recherche émérite au CNRS, CESDIP

Résumé de la thèse :

Depuis la seconde moitié du XXe siècle, la tendance punitive de nos sociétés a abouti à une surpopulation carcérale. En France elle s’élève au 1er janvier 2020 à 70 651 détenus écroués pour 61 080 places opérationnelles. L’opinion publique sensibilisée à cette thématique et un espace médiatique accaparé par les formes de la délinquance de rue exercent une pression politique pour concevoir les moyens de prévenir l’entrée des jeunes dans une carrière de délinquance et réduire les taux élevés de récidive : dans les trois ans après une incarcération, 2 sortants sur 3 retournent en prison.

Après le développement de plusieurs dispositifs d’aménagements de peine et de mesures alternatives à la prison — la liberté conditionnelle, le sursis avec mise à l’épreuve, le travail d’intérêt général, et plus récemment le placement sous surveillance électronique — la probation a dû faire face à de nombreuses critiques et produire des pistes nouvelles pour répondre à ses détracteurs en justifiant empiriquement ses apports. C’est encore plus le cas avec l’essor des paradigmes de l’analyse rationnelle du crime — très critique sur le rôle de la prévention et de la probation — dont la transcription en politique publique sous la forme d’un durcissement pénal systémique a engendré une augmentation des taux d’incarcération et de récidive.

En réponse, les recherches sur la désistance ont émergé aux États-Unis et prouvé que la grande majorité des personnes impliquées dans la délinquance finit par en sortir, souvent par des voies de traverses qui s’éloignent du périmètre d’interventions des acteurs institutionnels, ou pire, qui cherchent à se soustraire à leurs effets contreproductifs. Étudier les mécanismes qui président au processus de sortie des carrières dans la délinquance en France constitue ainsi le cœur de cette thèse. L’approche présente l’originalité de recueillir l’expérience de justiciables pour comprendre le déroulement de ce phénomène et complète ainsi le regard sur les effets et la réception de la politique pénale.

Au cours de cette recherche, fondée sur l’ouverture des services de probation et de ceux de la Ville de Paris, la méthode de l’entretien biographique a permis de recueillir 33 parcours de désistance sur le territoire parisien. L’analyse inductive de ce matériau qualitatif a produit des savoirs nouveaux sur les modalités de sortie de la délinquance. Ainsi, ce travail a mis en exergue au moins trois grandes forces qui s’articulent dans ce processus :

  • L’influence de sphères de socialisation qui évoluent, s’expriment et/ou s’estompent dans la réorganisation d’un parcours hors de l’ancien référentiel déviant.
  • Les divers stigmates et représentations bloquantes à déconstruire pour opérer ce changement : sur les auteurs d’actes de délinquance ; sur l’argent qu’ils génèrent ; sur les opportunités que présente ou obère un passage dans la délinquance.
  • Le rôle clé de personnes-ressources dans de tels parcours : on propose une typologie des trajectoires de désistance selon leur dotation de base en ressources, leur rapport aux institutions et l’avancement dans la constitution de nouveaux capitaux pour entamer et accomplir leur changement.

Cette recherche invite donc à multiplier les points d’entrée pour comprendre le processus complexe des sorties, en incluant le point de vue des désistants. Elle vise à établir les bases d’une étude longitudinale et systématisée du devenir des désistants pour augmenter leurs chances de réussite et hâter leur engagement vers une sortie.