Par Mathilde Darley et Jérémie Gauthier. Police : Questions sensibles, janvier 2018, pp. 77-93.

 

Police : questions sensibles - Bon flic bon genre. L’ordre des sexes dans la police

Ce chapitre propose d’examiner le rôle, dans la culture professionnelle policière, des normes de genre, à partir d’une enquête ethnographique menée en binôme homme-femme au sein d’un commissariat d’une grande ville française. Mobilisant les observations et entretiens conduits au sein de deux types de brigades, les unités spécialisées dans l’usage de la force dans les quartiers dits « sensibles » et celles dédiées à la répression des déviances sexuelles, nous nous attachons à penser ensemble le genre des policier.e.s et celui de leurs clientèles. Au-delà du premier constat d’un usage différencié des normes et assignations de genre par les agent.e.s de ces deux types d’unités dans la définition qu’ils donnent de leur métier en entretien, nous poserons l’hypothèse, à partir de l’observation de leurs interactions quotidiennes avec leurs publics-cibles, que celles-ci s’inscrivent pourtant dans un même continuum de représentations. Malgré un processus historique de féminisation de l’institution, les prescriptions et interdits genrés demeurent puissants : « genre mineur », les femmes évoluent dans une institution dont le genre dominant reste celui de la masculinité virile.

 

This chapter relies on an ethnographic research conducted as a male-female research team within a police station in a bigger French city to analyze the role of gender norms in police culture. Based on observations and interviews with two different types of police units, one specialized in the use of force in so-called “sensitive” neighbourhoods and one fighting against sexual deviance, we propose to think together the gendered construction of police officers and of their “clients”. Beyond first acknowledging a differentiated use of gender norms through police officers of these two kinds of units in the way they present their daily work during interviews, we rely on observations of their interactions with their respective target groups to show that they fall within the same continuum of representations. Despite a historical process of feminization of the police institution, gender prescriptions and prohibitions are still powerful: as a “minor genre”, women evolve in an institution where the dominant gender remains virile masculinity.

 

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