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Séminaire de recherche du GRID

29 novembre 2017 @ 17 h 00 - 20 h 00

Séminaire de recherche du GRID - Placements et arbitrages (séance 1)Le Groupe de Recherche sur les Institutions Disciplinaires (GRID) rassemble des historiens travaillant sur des institutions dites disciplinaires (école, armée, prison, asile, hospice…), souhaitant prêter une attention aux expériences des individus et questionner ensemble les différentes composantes de l’archipel institutionnel qui se déploie en Europe à partir du XIXe siècle. Les travaux collectifs du GRID se déclinent entre un séminaire consacré aux circulations institutionnelles et un groupe de travail centré sur la question des punitions en institution.

 

Le séminaire « Entre les murs, hors les murs. Revisiter l’histoire des institutions disciplinaires », organisé par le centre d’histoire du XIXe siècle et le LARHRA, avec le soutien du centre d’histoire de Science Po, explore en 2017-2018 le thème des mobilités. En analysant les circulations des populations et des pratiques, ce séminaire est l’occasion de mieux comprendre la place que les institutions occupent dans les trajectoires individuelles, et plus généralement dans l’économie de la prise en charge des personnes à l’époque contemporaine.

La première séance du séminaire, intitulée « Placements et arbitrages », se décomposera en deux interventions :

  • Anatole LE BRAS, du Centre d’Histoire de Sciences Po, présentera « L’antichambre de l’asile : procédures d’identification et de tri des malades mentaux à l’hôpital, l’hospice, la prison et au Dépôt de la Préfecture de police (seconde moitié du XIXe siècle) »
  • Julien BOURDAIS (CMH, ENS-EHESS) prendra la parole dans le cadre de l’intervention « De la médecine à plusieurs vitesses aux filières de soin. Comment saisir la hiérarchie des mobilités institutionnelles en psychiatrie hospitalière ? »

 

Depuis cinquante ans, la focale institutionnelle constitue une entrée essentielle pour les historiens du social et de l’État. Ainsi les spécialistes de la pénalité, de la médecine, de l’éducation, de l’armée, de l’assistance ont-ils posé les grands jalons d’une histoire de la prise en charge des individus à l’époque contemporaine, de la naissance à la mort. Cette histoire riche et inventive reste cependant tributaire des lignes de partage fondées sur la finalité de chaque espace institutionnel. Les murs des institutions, en délimitant des fonds d’archives, ont aussi circonscrit des champs historiographiques et des types de questionnement dont il est parfois complexe de sortir. D’une part, la nécessité, invoquée à juste titre, de connaître les espaces institutionnels de l’intérieur a eu pour effet de reléguer au second plan les entreprises comparatives ou croisées. D’autre part, la faible intensité des débats entre les historiens des institutions disciplinaires n’a jusqu’à présent pas permis de décloisonner les réflexions et d’aller au-delà des controverses intra-institutionnelles – et ce, bien que l’historiographie ne cesse de relativiser le caractère fermé des institutions. Cela a pu conduire à perdre de vue que l’école, l’hôpital, la prison, l’asile, l’hospice ou encore la caserne s’inscrivent dans une histoire commune : celle des institutions qui organisent les existences et forgent des parcours et expériences individuels.

Caractérisées par un système de lieux, de règles et d’acteurs, les institutions seront définies, dans le cadre de ce séminaire, comme des dispositifs mais surtout comme des espaces de vie collective conçus pour encadrer tout ou partie des activités et besoins quotidiens des individus dont ils ont la charge. Malgré les différences importantes entre la durée des prises en charge, le degré d’ouverture des espaces et la finalité des différentes institutions dont il sera question cette année, le principe de ce séminaire est de mettre en résonance les formes modernes d’encadrement des populations en reprenant la longue liste des institutions disciplinaires de Michel Foucault – non pas pour la figer mais pour continuer à interroger la pertinence d’un tel rapprochement. L’objectif est donc de tisser des liens entre des organisations ne présentant pas des homologies de fonctionnement parfaites.

Afin de ne pas s’en tenir au seul prisme institutionnel, la démarche retenue est donc double :

  • Saisir les populations instituées dans une histoire sociale qui dépasse celle des institutions
  • Faire entrer en résonance l’étude d’institutions variées en identifiant et en comparant des structures de prises en charge collective des individus.

En déplaçant les points d’observation, ce séminaire cherche à proposer un cadre de réflexion multi-institutionnel, inter-institutionnel mais aussi extra-institutionnel. Que lit, que voit, que comprend le chercheur spécialiste d’une institution lorsqu’il la regarde du dehors, de côté, ou à l’interface avec ce qui l’environne ?

Pour cette première année, nous souhaitons que le séminaire se concentre sur les « mobilités institutionnelles ». Ce choix repose sur un constat qui frustre sans cesse l’historien : les archives institutionnelles ne nous donnent accès aux individus que très transitoirement. Or, le séjour en institution n’est qu’une étape d’un parcours plus long, en amont comme en aval. L’étude des trajectoires biographiques révèle bien souvent la diversité des types de prise en charge au cours d’une vie, ainsi qu’une mobilité plus grande que ne le laisse supposer l’étude statique des populations instituées. L’analyse interne des institutions invisibilise par ailleurs la pluralité des processus de triage, qui constituent de formidables révélateurs du fonctionnement des institutions et du statut des individus pris en charge.

Deux pistes de réflexions peuvent dès lors être explorées. La première concerne tous les lieux et tous les moments de connexion entre les institutions et les univers sociaux d’où proviennent les individus, à savoir les entrées, les sorties, les procédures de recrutement, d’enregistrement ou d’internement, ainsi que l’ensemble des rituels qui y sont associés. La deuxième se rapporte aux mobilités en elles-mêmes, c’est-à-dire aux hommes et aux femmes qui circulent, de manière choisie ou contrainte. Quels mécanismes président à ces mobilités et circulations ? Et comment s’articulent les logiques administratives et les stratégies individuelles ?

Dans cette perspective, une attention particulière sera portée à l’étude des transferts et des « populations limites » que constituent par exemple les condamnés irresponsables acceptés avec réticence à l’asile, les élèves indisciplinés qui vont d’établissement en établissement, les agités ne trouvant pas leur place dans les salles d’hôpital, les séniles devenus tranquilles placés à l’hospice, ou encore les enfants handicapés vieillissants, trop âgés pour rester dans les structures qui les ont vus grandir… À travers l’étude du traitement social de l’enfance, de la vieillesse, de la folie, de la déviance ou de la maladie, il s’agira donc de mieux comprendre la place qu’occupent les institutions dans les trajectoires individuelles, et plus généralement dans l’économie de la prise en charge des personnes à l’époque contemporaine.

 

Détails et programme sur le site du GRID

Détails

Date :
29 novembre 2017
Heure :
17 h 00 - 20 h 00
Catégorie d’évènement:
Étiquettes évènement :
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Site :
https://grid.hypotheses.org/programme-2017-2018

Organisateurs

Elsa Génard
Anatole Le Bras
Mathieu Marly
Paul Marquis
Mathilde Rossigneux-Méheust
Lola Zappi

Lieu

Centre d’histoire du XIXe siècle, escalier C, 3e étage, salle Fossier
17 rue de la Sorbonne
Paris, 75005 France
+ Google Map
Téléphone :
01.40.46.28.20
Site :
https://www.univ-paris1.fr/unites-de-recherche/crhxix/
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