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Séminaire Cesdip – Séance du 21 novembre 2023

novembre 21 @ 10 h 30 - 12 h 30

Bruneau Perreau (Massachussets Institute of Technology)

Sphère d’injustice. Pour un universalisme minoritaire 

Qu’est-ce qu’une minorité ? Un état d’infériorité numérique ? Une identité dominée ? Une catégorie protégée par le droit ? Une communauté partageant certains traits culturels ? Pour Bruno Perreau, être minoritaire, c’est vivre dans un rapport de substituabilité. Devant le spectacle de George Floyd, étouffé jusqu’à la mort par la police de Minneapolis, toute personne noire savait qu’elle aurait pu être à sa place. Toute autre personne constituée par la menace de la violence ne put que se sentir interpellée.
Bruno Perreau présentera son dernier ouvrage, paru en octobre 2023, aux éditions La Découverte: Sphères d’injustice. Pour un universalisme minoritaire.
Il réfléchira aux résonances entre différents types d’expérience minoritaire et passera en revue les obstacles que rencontre la notion de minorité aujourd’hui : comment articuler les combats minoritaires et éviter qu’ils soient en compétition ? Comment impliquer la majorité ? Comment éviter les dérives managériales et résister aux attaques réactionnaires ? Comment représenter les minorités à l’ère algorithmique ? Par son étude des jurisprudences américaine, française et européenne, Bruno Perreau montrera comment une catégorie peut toujours en abriter une autre. Les dispositifs qui protègent le genre peuvent servir à protéger la race, ceux qui protègent le handicap peuvent protéger l’âge, la classe, l’orientation sexuelle, et ainsi de suite. C’est ce qu’il appelle l’intrasectionnalité.
Enfin, en actualisant Sphères de justice, l’ouvrage classique du philosophe américain Michael Walzer, Bruno Perreau plaidera pour un universalisme minoritaire pour relever les défis de l’interdépendance économique, numérique et écologique au xxie siècle.

Bio : 

Bruno Perreau est professeur au MIT (Massachusetts Institute of Technology) où il est titulaire de la chaire Cynthia L. Reed en French Studies. Il est le fondateur et le directeur du Centre d’Excellence en French Studies de l’université (french.mit.edu). Depuis 2012, il est également membre du Centre d’études européennes d’Harvard.

Docteur en science politique de l’université Paris 1, il a enseigné pendant dix ans à Sciences Po Paris ainsi qu’à l’université Paris 12. Il a été membre de l’Institute for Advanced Study de Princeton, du département de sociologie de l’université de Cambridge et du Stanford Humanities Center. Il a également été Burkhardt Fellow à l’Institute for Advanced Study in the Behavioral Sciences ainsi que chercheur invité au sein du programme de théorie critique de l’université de Berkeley.

Bruno Perreau est l’auteur ou directeur d’une douzaine de livres sur les institutions françaises et américaines, les questions queer, les politiques familiales, la bioéthique et les théories minoritaires du politique. Il a notamment publié, en français, Penser l’adoption (Presses universitaires de France, 2012), Les Défis de la République (codirigé avec Joan W. Scott, Presses de Sciences Po, 2017), Qui a peur de la théorie queer ? (Presses de Sciences Po, 2018) et Sphères d’injustice. Pour un universalisme minoritaire (La Découverte, 2023).

Rachida Brahim (Université d’Edinburgh, School of History, Classics and Archeology)
La race tue deux fois. Une histoire des crimes racistes en France (1970-2000)
Au cours de cette intervention, je présenterai ma thèse de doctorat publiée en 2021 sous le titre La race tue deux fois. Une histoire des crimes racistes en France (Syllepse, 2021). A partir de 731 cas recueillis dans des archives (presse, associations, préfectures, Intérieur), cette thèse étudie la dénonciation et le traitement des crimes racistes commis contre des Nord-Africains et leurs descendants entre les années 70 et 2000 en France. Durant cette période, alors que la notion de crime raciste occupait régulièrement la sphère militante et médiatique, elle ne constituait pas une catégorie juridique dans la sphère judiciaire. Deux conceptions d’une même réalité ont coexisté et continue de coexister : la réalité du groupe concerné par ces violences d’une part et celle émanant du droit étatique d’autre part. Alors que pour les premiers, le caractère raciste des violences ne faisait aucun doute, pour les parlementaires l’idée même d’un mobile raciste a régulièrement été rejetée. D’un point de vue législatif, il a fallu attendre l’année 2003 pour que la France adopte une loi faisant du mobile raciste une circonstance aggravante sous des conditions qui restent limitées. D’un point de vue empirique (entretiens, observation participante, archives), l’enquête a consisté à confronter la parole des militants ayant dénoncé une double violence, celle provoquée par les agressions d’une part et celle induite par leur traitement pénal d’autre part, à un ensemble de sources archivistiques émanant des services du ministère de l’Intérieur et du Parlement. D’un point de vue théorique, les apports de la sociologie et de l’histoire de l’immigration ont été complétés en intégrant les réflexions de la Critical Race Theory. Cette thèse met notamment en évidence le rôle joué par le droit français dans la production et le maintien des catégories raciales par delà la dénonciation des violences qui en résultent.
Bio : 

Rachida Brahim est sociologue et psychanalyste, elle est actuellement en postdoctorat à l’Université d’Edinburgh (School of History, Classics and Archeology) et poursuit ses recherches sur les violences de genre et les médecines autochtones.

Détails

Date :
novembre 21
Heure :
10 h 30 - 12 h 30
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