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Intervenants : Pierre GAUME
« Infraction de comportement » (Jean-François CHASSAING), sanctionnant l’incapacité à répondre d’une inscription positive dans l’ordre social (logement, ressources, situation professionnelle), le délit de vagabondage occupe une place particulière dans les pratiques du maintien de l’ordre au XIXe siècle. Elément essentiel de l’activité répressive des forces de police et des tribunaux, il n’a cessé d’alimenter discussions, controverses et projets de réforme. Il s’agira donc, dans un premier temps, de revenir sur le sens et les justifications du délit à travers la littérature juridique, la jurisprudence et les débats qui accompagnent son histoire depuis la Restauration, jusqu’au vote de la loi sur la surveillance des nomades (6/07/1912). Nous tenterons ensuite, à partir d’un important corpus d’archives judiciaires, administratives et policières, d’en éclairer les usages concrets, au service d’une police des existences irrégulières et incertaines. La presse et les nombreux écrits des agents impliqués dans la mise en œuvre du délit (administrations, agents de police, magistrats, etc.) permettront de mesurer les divergences et les tensions qui peuvent exister entre ces acteurs. Outre les contraintes propres à chaque appareil, elles témoignent d’une certaine indétermination quant aux comportements incriminés au titre du vagabondage, indétermination qui ouvre la voie à des usages différenciés et relativement malléables, en partie dépendants du contexte politique, institutionnel, etc. Dans cette perspective, nous terminerons par l’évocation des principaux débats, projets de réforme et évolutions législatives, en tentant d’en exposer les enjeux et les implications pratiques.