par Gilles CHANTRAINE – avril 2009

 

Gilles CHANTRAINE est chargé de recherche au CNRS-CLERSÉ. Il rend compte ici de quelques résultats d’une recherche qualitative, menée en 2007-2008 au sein du CESDIP, consacrée à l’analyse et la compréhension des trajectoires sociales et des rapports subjectifs à l’enfermement de jeunes incarcérés dans trois « quartiers mineurs » en France.

 

Notre étude s’est efforcée de restituer et d’analyser 20 récits biographiques de mineurs incarcérés, au sein de quartiers mineurs de deux maisons d’arrêt et un centre pénitentiaire. Les données recueillies ont permis de déplacer le regard, d’une interrogation sur le « passage à l’acte » et le « sens de la peine » vers l’analyse des rapports biographiques à la prison et du fonctionnement institutionnel des quartiers mineurs, de l’exercice du pouvoir en leur sein, et des manières d’y faire face en tant que détenu. Le dispositif méthodologique fait émerger des données sur le vécu ordinaire, banal et quotidien des détenus, à la fois d’un point de vue biographique et institutionnel. Dans ce cadre, à l’instar de nos travaux antérieurs menés en maison d’arrêt [1], le « quartier mineurs » a été saisi comme un lieu de passage, un point vers lequel convergent des destins individuels. Ce lieu de passage n’est pas vide de sens pour l’acteur ; épisode spécifique d’une existence, la détention oblige l’acteur enfermé à un « travail biographique », au cours duquel passé, présent et futur se redessinent, et où les conceptions de soi sont à redéfinir.

 

1 CHANTRAINE G., 2004, Par-delà les murs. Trajectoires et expériences en maison d’arrêt, Paris, Presses Universitaires de France-Le Monde.

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